Me voici parvenue à la quarantaine…de livres, de toutes sortes, pour des lecteurs de 3 à 103 ans. On a dit de moi que j’étais l’écrivaine du grand écart. (ça tombe bien, moi qui voulais être acrobate !) Du conte pour enfant au conte érotique, de la nouvelle au théâtre, du roman de SF au roman historique, en passant par la poésie, me voici arrivée au roman policier. En fait je l’ai souvent frôlé comme dans « La salle de bain d’Hortense »

J’aborde tout naturellement la littérature noire, car j’ai toujours aimé farfouiller dans ce qui est caché, secret : secrets intimes, secrets historiques, secrets de famille. L’introspection elle-même n’a-t-elle pas quelque chose de l’enquête policière ? Nous avons tellement de cadavres dans nos placards !

Les premiers textes à suspense, bourrés de crimes et qui faisaient peur étaient les contes de Perrault, de Grimm ou d’Andersen que nous avons crus destinés aux enfants. On y trouve toutes les turpitudes humaines, Barbe Bleue est un tueur en série, le chaperon rouge est violée par le loup qui a tué sa grand mère et dans le petit poucet les parents qui n’ont pas de congélateur perdent leurs enfants dans la forêt. Peau d’âne met royalement en scène l’inceste père-fille. Et Hansel et Gretel poussent la mémé dans le four. Dans l’une de mes histoires que les enfants adorent, un ogre moderne, qui est bouquiniste, fait disparaitre les enfants dans les livres. Très facile alors de sauter du conte pour enfant à la littérature noire.

Après avoir édité mon premier roman policier : Thalasso-crime, et devant son succès, les éditions Chèvre-Feuile étoilée ont décidé en 2014, de créer une collection de polars écrits par des femmes : D’un noir l’autre. J’en ai été co-responsable avec Behja Traversac, puis responsable à part entière.


Rien d’extraordinaire à ce qu’une maison d’édition de femmes se lance dans la publication de romans policiers  car depuis le début du XXième siècle de grandes écrivaines ont investi ce genre. La reine est Agatha Christie. Elles n’étaient pas féministes mais en entrant dans un univers réservé aux hommes, elles ont contribué à l’émancipation féminine.

Depuis, dans le monde entier les femmes sont de plus en plus nombreuses dans le polar. Elles revendiquent le droit de décrire la violence sans retenue mais sans complaisance non plus.

On dit du polar que c’est le genre qui reflète le plus fidèlement les troubles d’une époque, d’une société. Plein de questionnements sur les rapports de force, sur l’âme humaine, ce n’est pas un genre mineur. Un genre d’accord. Un autre genre. Qui a l’étonnante caractéristique d’être à la fois ludique et sérieux et en prise avec le monde. Il est donc naturel que les femmes l’investissent. Elles ne revendiquent pas une écriture féminine. Ou alors inconsciente.

Chèvre-feuille étoilée a ouvert cette collection et je m’y suis engagée car le polar permet tout .

Un regard sur la société, parfois plein d’humour, une rencontre avec les folies, obsessions, manipulations, des personnages qui dépassent les limites, une écriture libre, tantôt classique, tantôt déjantée, des textes découpés comme des scenarii, plusieurs histoires dans l’histoire.

Dans les 6 romans que nous présentons, les personnages de femmes sont divers. Pas entièrement libres et pas toujours fortes. Pas parfaites, loin d’être idéalisées. Elles mènent l’enquête ou la danse et elles tuent parfois, après avoir bien réfléchi, elles affrontent et elles s’effondrent. Des êtres humains !

  

je vous invite donc à piocher dans la collection