"La métamorphose du rossignol"

J’imagine le néandertalien frappant son front épais contre la muraille pour tenter d’arrêter, dans sa tête, le carrousel des questions. Moi je n’ai qu’à m’approcher de ma bibliothèque. Gargantua, allez, viens dans ma main. À moi les babouineries et les turlupinades. Je quitte l’Afrique.

Que s’est-il passé? Au moment où je me baissais en pliant les genoux pour déloger Rabelais de l’étagère la plus basse, la vitre de la porte fenêtre a explosé en un bruit assourdissant. Un fort courant d’air est passé au dessus de ma tête. Une toile d’araignée de verre se dessine autour d’un grand trou vide. J’ai aussi entendu un bruit énorme venant de la cuisine. Je suis à genoux. Je me relève. Plein de verre et de poussière partout. Oh merde ! L’étagère à épices sans épices offerte par ma sœur a dégringolé sur la cuisinière. Et ce gros trou dans le mur ! Je vois l’escalier. Mais qu’est-ce qui se passe ? Ah on sonne à la porte. Quelqu’un cherche à ouvrir de l’extérieur. Qui…

Katiouchka voit le trou dans la vitre. Elle crie :

Katiouchka est blanche, je l’assieds sur une chaise dans la cuisine. Je n’ai même pas une goutte de Vodka à lui offrir. Elle fixe le mur troué d’un œil exorbité. Elle claque des dents.

Discussions sans fin dans l’escalier entre Katia et les affreux, cris, appels à l’assurance, au GIGN, excitation. J’ai préféré passer l’aspirateur, jeter les gravats et l’étagère à épices, enfoncer un coussin berbère dans le trou de la cuisine et fermer les volets que les policiers me conseillent de ne plus ouvrir jusqu’à ce qu’ils aient découvert le tireur fou, me doucher et lire un peu de mon Rabelais qui aurait pu être le dernier nom que j’aurais lu de ma vie. RABELAIS. Ou peut être seulement RAB. Je ne parviens pas à avoir peur. Je vais au Rico ce soir.