Chroniques

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Les résistances du 8 mars


 

 

Aujourd’hui, moi qui, très jeune ai collectionné les mots, qui ai joué avec eux, jonglé avec eux, qui les ai bichonnés, apprivoisés, bercés, qui croyais les aimer tous, depuis celui qui se présente dans le plus simple appareil jusqu’à celui qui reluit sous ses dorures, je vais vous avouer quelque chose : il y a, dans l’usage de notre langue, un mot terriblement imprécis qui m’énerve. C’est le mot homme. Au singulier et au pluriel.

Les premiers textes fantastiques auxquels j’ai eu accès étaient les évangiles. On y disait : Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté, Jésus est mort pour racheter les péchés des hommes, et moi, enfant, je me demandais : « Et les femmes alors ? »

A quatorze ans, j’ai trouvé, parmi les pensées profondes de Sartre, celle-ci : « On n’est pas un homme tant qu’on n’a pas trouvé quelque chose pour quoi on accepterait de mourir. » Madame Rolland et Olympe de Gouges étaient donc belles et bien des hommes ! Plus tard, j’ai milité pour les droits de l’homme. Comment faire autrement ? J’aurais préféré militer pour les droits des êtres humains, des humains, pour faire plus court, termes qui contiennent les deux genres principaux, ainsi que tous les genres annexes, rares et intermédiaires.

Je déteste qu’un mot singulier et qui, dans certain cas désigne très précisément une partie de l’humanité, soit employé pour la représenter toute. Cela est source de confusion. Dans la bible, le Dieu de Noé, furieux, décida de noyer tous les hommes. Eh bien, on sait, de source sûre, qu’il noya aussi les femmes ! (imprécision) Sur le Titanic, quand on annonça « les femmes et les enfants d’abord », cela signifiait bien que les hommes devaient couler. (précision)

Je demande donc, officiellement, que l’on cesse d’employer « l’homme » ou « les hommes » pour désigner l’être humain, le genre humain ou l’humanité toute entière. J’ajouterai, pour vous rassurer, que le mot homme, quand il désigne un homme, me plaît parfois beaucoup.