Chroniques

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Grandir, jusqu'où ?

 

 

 

 

  

Entendu à la télé : une jeune fille ayant aidé un psychopathe à découper en morceaux un jeune homme de 24 ans, dit, aux Assises de Beauvais, alors qu’on vient de lui annoncer qu’elle est condamnée à douze ans de prison : « Je pense que ça me fera grandir. Je suis trop influençable. »

Ma nièce de trente sept ans après un divorce calamiteux : « Je grandis, je grandis ! » Une autre nièce de trente deux, après une rupture difficile : « C’est douloureux de grandir. »

C’est étrange, autrefois on ne grandissait que jusqu’à vingt ans, c’est à dire qu’à partir de cette limite on n’augmentait plus de taille, on ne croissait plus, ne poussait plus en hauteur, on se développait en largeur si telle était notre morphologie et on mûrissait à l’intérieur si on en avait les capacités. On évoluait sans cesse au gré des expériences et réflexions que nous offrait la vie ou bien on devenait rapidement blet et caduque. Quoiqu’il en soit, si on avait dit à trente ans : « Ma grand-mère est morte le mois dernier, ça m’a fait grandir », on aurait étonné notre auditoire. Aujourd’hui, non, on grandit de plus en plus tard et pour toutes sortes de raisons.

Un proverbe provençal bien connu de Jeanne Calmant dit : « La vieille ne voulait pas mourir car elle apprenait toujours quelque chose ». Dirait-on à présent : « La vieille ne voulait pas mourir car elle grandissait toujours » ? Peut-être.

Mais jusqu’où ira-t-elle, la vieille ?



Photographie : Claude Teisson